Des cailloux dans la tête
tu te répètes
la comptine
bijou/caillou/chou
genou/hibou/ joujou
pou
tu accroches un x
s’ils sont deux quatre six…
deux quatre six et des poussières
tu les collectionnes
tu fais un tas de cailloux
Puis un à un -plus d’x-
ils roulent roulent jusqu’au Styx
Polis par le chahut de l’infernale rivière
tu les ramasses échoués sur les bords
deux quatre six et des poussières
un pour chacun de tes rêves morts
Tu t’essaies aux ricochets
à ce jeu-là tu n’as jamais été fort
le caillou bondit une
deux fois
et disparaît dans le vertige de l’onde
tu recommences.
Pas mieux.
Tu reprends la comptine
bijou/caillou/chou…
tu ne vas pas jusqu’au pou
Bijou/caillou/chou
tu insistes
Hibou/genou
tu continues
L’espace d’un instant
tu vides tes poches
du poids du temps
tu te délestes
Non, toi, tu n’iras pas dans la rivière
les poches remplies de pierres
Tu restes sur la rive
et les cailloux dans ta tête
reprennent la comptine
bijou/caillou/chou
genou/hibou/ joujou
pou
Et enfin tu l’entends
le murmure d’enfance
le roulis chantant
des cailloux.